Création de Caminpeg : la compagnie vénézuélienne qui annonce la chute de Maduro ?
Le 11 février dernier, la Gaceta oficial de la Republica bolivariana de Venezuela, publiait le décret 2231 annonçant la création de Caminpeg : la Compagnie Anonyme des Industries Minières Pétrolières et Gazières. Cette discrète création du gouvernement de Nicolas Maduro annoncerait selon certains médias vénézuéliens un coup d’Etat de la part des militaires chargés de diriger cette compagnie.
Créée par décret présidentiel pour une durée de 50 ans renouvelables, la Compagnie Anonyme des Industries Minières Pétrolières et Gazières (Caminpeg) est placée sous le contrôle du Ministre de la Défense vénézuélien, Vladimir Padrino Lopez. La société Caminpeg est ainsi chargée de « tout ce qui est relatif aux activités licites en matière de pétrole, de gaz et de l’exploitation minière en général, sans que cela implique des limitations ». Afin de diriger cette entreprise, un organe suprême de direction composé d’un Président, d’un Directeur et de 3 gérants principaux sera désigné par le Ministre vénézuélien de la Défense. Ainsi, quand on connait l’importance stratégique du secteur pétrolier au Venezuela, il faut reconnaître que la création de cette compagnie peut surprendre. Selon le décret 2231 du Journal Officiel relatif à la création de la Caminpeg, cette dernière est sous le contrôle du Ministère de la Défense vénézuélien qui est capable d’assurer le développement du pays tout en préservant la souveraineté du Venezuela sur ses ressources stratégiques. Cependant, selon José Toro Hardy, l’ex-directeur de PDVSA l’entreprise pétrolière de l’Etat vénézuélien, les militaires ne possèdent pas les capacités suffisantes dans le domaine des hydrocarbures ce qui laisse planer le doute quant à la création de cette nouvelle entreprise. Au Venezuela, certains pensent que la Caminpeg a été créée afin que PDVSA transfère ses actifs à cette dernière et se déclare en faillite et, ainsi, ne paye pas ses dettes, tandis que d’autres y voient un « coup d’Etat silencieux » de la part des militaires.
Le reflet de la crise au Venezuela
La création de Caminpeg reflète en effet la crise que subie le Venezuela, une crise en grande partie liée au secteur pétrolier. Le pays dispose des plus importantes réserves de pétrole du monde avec 296,50 milliards de barils (17,8% des réserves mondiales), devançant même l’Arabie Saoudite en termes de réserves de pétrole puisque celle-ci dispose de 264,5 milliards de barils. Tirant ses revenus presque exclusivement du pétrole, le Venezuela est un des pays les plus impacté par la chute des cours du baril alors que son système économique était déjà à la dérive. En 2015, le PIB du pays était en baisse de 7% et l’année 2016 ne s’annonce guère plus encourageante : le FMI prévoit une inflation de la monnaie nationale, le bolivar, de 720% ! En outre, alors même que le pays possède les plus importantes réserves de pétrole au monde, il a même été contraint d’importer du pétrole de l’ennemi américain à la fin du mois de janvier 2016 à hauteur de 550 000 barils. Ne pouvant plus exporter du pétrole du fait du bas prix du baril, le Venezuela s’embourbe dans une crise d’autant plus aiguë que s’épuise le pétrole du golfe de Maracaïbo, considéré comme étant du « bon pétrole » contrairement aux autres gisements, jugés de moins bonne qualité. Ainsi, l’avenir du pays ne semble pas s’éclaircir, à moins que la création de la Caminpeg insuffle une nouvelle dynamique et ainsi permette au Venezuela de jouir pleinement de son « or noir ».